Il n’est pas question de quelques caméras. Il est question du sang arménien sur les mains des canadiens.

-COMMUNIQUÉ DE PRESSE-

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(OTTAWA – 20 octobre, 2020) – “I just want also to put it in perspective. We’re talking about a few cameras.”, « Je veux simplement mettre ceci en perspective. Il est question de quelques caméras. »

C’est ainsi que le Ministre des Affaires étrangères du Canada, François-Philippe Champagne, a décrit l’accord de permis d’exportation pour la vente de capteurs d’acquisition de cibles à la Turquie.

Cependant, le Ministre a omis de mentionner que :

  • Le Canada a interdit toutes les ventes d’armes à la Turquie en octobre 2019 en raison de l’invasion turque au nord de la Syrie.
  • Le ministre Champagne a trouvé une échappatoire à sa propre décision en autorisant les exportations qui seraient utilisées dans les opérations de l’OTAN, sachant très bien que la Turquie avait fourni des armes à ses alliés dans des groupes syriens et libyens, ce qui va à l’encontre des traités de contrôle des armements et du droit international.
  • Plus de 15 permis d’exportation ont été accordés à la société ontarienne L3Harris Wescam pour l’expédition vers la Turquie de capteurs d’acquisition de cibles.
  • Chaque permis d’exportation couvre plus d’un capteur d’acquisition de cibles. Personne ne sait exactement combien de capteurs d’acquisition de cibles sont aujourd’hui entre les mains de la Turquie.
  • Les capteurs d’acquisition de cibles ne sont pas des caméras, ce sont des armes meurtrières. Ils sont la partie du drone qui permet aux munitions guidées de cibler et tuer des personnes. Sans capteur d’acquisition de cible, un drone n’est qu’un jouet pour enfant.
  • Ces capteurs d’acquisition de cibles fabriqués au Canada sont un élément essentiel du drone turc Bayraktar TB2.
  • La Turquie a fourni ces drones (y compris les capteurs d’acquisition de cibles fabriqués au Canada) à l’Azerbaïdjan.
  • Ces drones fournis par la Turquie sont utilisés avec des effets dévastateurs par l’Azerbaïdjan, et cela non seulement sur le champ de bataille, mais aussi pour tuer des civils arméniens et détruire des infrastructures civiles.
  • À ce jour, le nombre de civils décédés à Artaskh est équivalent à plus de 12 000 morts Canadiens (ce qui représente 25 % de plus que le nombre de décès canadiens liés à la COVID-19).

Il ne fait aucun doute que le ministre Champagne espérait que les médias ignoreraient ces faits pour rapporter simplement que cette question ne concerne que « quelques caméras ». Peut-être qu’il espérait que le public perdrait tout intérêt dans la question et que son problème disparaîtrait.

Malheureusement pour le ministre Champagne, le 19 octobre 2020, l’armée de défense de la république d’Artsakh a abattu un drone turc Bayraktar TB2 au-dessus de la partie sud de l’Artsakh (Haut-Karabakh) et a récupéré son système d’acquisition d’objectifs L3Harris / WESCAM CMX-15D qui état presqu’intact. Ce système a été fabriqué en Ontario en juin 2020 et a été installé sur le drone en septembre 2020. Plusieurs photos et vidéos du système d’acquisition de cibles ont été partagées par le gouvernement de l’Arménie.

Le ministre Champagne ne peut plus se cacher derrière une enquête ou dévier les questions des journalistes en affirmant qu’il s’agit de « quelques caméras ». Il existe des preuves irréfutables que la Turquie et l’Azerbaïdjan manquent à leurs obligations en vertu des accords canadiens et internationaux de contrôle des armements.

Il n’a jamais été question de « quelques caméras ». À présent, il s’agit de savoir si le Canada respectera ou non ses propres lois face à des régimes belligérants qui ont abusé de la confiance de notre pays. Il s’agit de savoir si le Canada deviendra complice ou non des crimes de guerre azerbaïdjanais. Et surtout, il s’agit de savoir si le Canada peut ou non, en toute conscience, rester inactif pendant que notre meilleure technologie contribue à l’anéantissement du peuple arménien.

Le ministre Champagne doit immédiatement interdire toute exportation d’armes vers la Turquie et sanctionner la Turquie pour avoir enfreint les lois canadiennes et internationales sur le contrôle des armements. Le Canada doit également faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle interdise les ventes d’armes à la Turquie et à l’Azerbaïdjan. Ceci est le devoir du Canada, et il ne doit pas y manquer, à moins que le ministre Champagne ne soit réellement convaincu qu’il ne s’agisse là que de « quelques caméras ».

 

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